Les personnes handicapées doivent souvent se battre pour avoir une image corporelle positive et une bonne gestion de leur propre sexualité. Mais lier sa valeur en tant que personne à l'attirance sexuelle n'est pas une bonne idée. Je le sais par expérience.
Parallèlement à son blog, elle travaille bénévolement pour le service de conseil trans*inter* de l'aide munichoise contre le sida. En tant que femme trans avec un handicap, elle tient à ce que l'intersectionnalité soit mieux prise en compte.
Je n'étais qu'un point sur sa bucket list.
Je me souviens bien des murs blancs de la chambre d'hôtel, des draps en sueur et de nos gémissements. Les siens sont bruyants et manifestement authentiques - alors que les miens sont absolument faux. Mais il ne le perçoit pas ou ne veut pas le percevoir. Ils deviennent plus fort, le rythme s'accélère, les battements de son cœur augmentent alors qu'il est sur moi. Il me dit quelque chose, mais je l'entends à peine. Je suis mentalement et émotionnellement absente. Je suis quelque part, mais pas là où je devrais être, et c'est bien ainsi.
À un moment donné, je sens son sperme entre mes jambes, chaud et collant. Il a fini et j'en suis contente. Il me prend, me serre contre lui, me dit que c'était bon et me demande si c'était bon pour moi. Je hoche la tête et lui demande de me tourner sur le côté avant d'aller prendre une douche. Il le fait même avec plaisir, car pour lui, c'est un signe de ma satisfaction. J'ai besoin de me reposer.
Pendant que je l'écoute se doucher en chantant joyeusement, je me sens sale. Pas à cause du du sperme mais à cause de la situation dans son ensemble.
Pourquoi suis-je là, avec lui, pour qui je ne représente également qu'un point sur une bucket-list, et si loin de moi-même ? La réponse à cette question n'est pas simple.
Qu'est-ce qu'un bon rapport sexuel ?
A l'adolescence, ma situation était difficile. Je traversais une puberté qui n'était pas la mienne et dont je devais malgré tout supporter les conséquences. De plus, en raison de mon handicap et de mon orientation sexuelle, et de mon genre, je me cachais et j'ai développé un problème de confiance en soi. En bref, je me trouvais affreusement laide et sans valeur.
Mes premières expériences de rencontres en ligne m'ont permis de retrouver une certaine forme de confiance en moi-même.
Ce qui semble positif au premier abord est en fait un comportement extrêmement toxique. Je ne connaissais à l'époque aucune bonne forme d'intimité. Je faisais l'amour, non pas parce que je trouvais ça génial, mais pour pouvoir tolérer mon existence. Je n'aurais pas pu répondre à la question "Qu'est-ce qu'un bon rapport sexuel", ou plutôt "Qu'est-ce qu'une bonne intimité ?
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Elle est pas belle la vie ?
La douleur qui libère
Il fut un temps, après ma première fois, où je sautais de lit en lit jusqu'à ce qu'on me montre enfin comment fonctionne une intimité saine. Un jour, un homme nettement plus âgé que moi m'a écrit pour me dire qu'il était intéressé par moi - mais seulement en tant que soumise.
C'est ainsi que je suis entrée en contact pour la première fois avec l'univers du BDSM et mon premier maître. Nous avons commencé par jouer doucement, tranquillement et vraiment lentement. Nous avons appris à nous connaître. Etre avec moi lui a permis d'en apprendre davantage sur les personnes handicapées et de briser les aprioris qu'il pouvait avoir. De mon côté, j'ai beaucoup appris sur la communication, la confiance, le dévouement et la sollicitude, mais encore plus sur moi-même.
Pendant deux ans, j'ai eu l'occasion d'explorer mes penchants, mes préférences, ainsi que mes limites physiques et sexuelles. Il m'a guidée avec attention et était toujours prêt à gérer les conséquences émotionnelles. Nous avons cherché des moyens d'aborder tous ces sujets de manière créative et j'ai appris à quel point les limites sont précieuses. Il m'a montré une une intimité saine et à quoi ressemblaient des interactions partagées en pleine conscience et bienveillance.
Mais j'ai aussi appris à échouer.
L'échec ? Oui, parce que sur le chemin de mon développement personnel, j'ai appris à gérer mes limites. Pour beaucoup, cela peut sembler évident, mais pour moi, ce n'est pas le cas. Lorsque mes propres limites ou celles des autres me frustrent fortement, il m'est difficile de les gérer de manière réfléchie.
Mais j'ai eu un bon maître si je puis dire, un excellent professeur et, pendant le temps que nous avons passé ensemble, j'ai réussi à surmonter ma haine de moi-même, du moins provisoirement. Je ne me sentais plus obligée d'être meilleure que les autres personnes handicapées et je n'ai plus eu besoin de ressentir que moi aussi, j'étais tout aussi baisable que les autres.
Briser de tels schémas de pensée est une chose compliquée. Quiconque, comme moi, a intériorisé une certaine perception négative et les émotions qui en résultent, a du mal à la repenser durablement de manière positive.
Ca n'a pas été évident, et à la fin de cette relation, je suis retombé dans d’anciens schémas, mais de manière moins permanente : je collectionnais les personnes sans handicap avec lesquelles j’avais des relations sexuelles afin de prouver ma valeur. La libération procurée par la soumission et cette relation a disparu, et je me suis à nouveau retrouvée dans la chambre d'hôtel avec l'homme dont je parlais au début de l'article.
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Le long chemin vers moi-même
Avec le recul, je comprends pourquoi je suis retombée dans ce comportement après ma première relation de jeu. L'élément principal de mes problèmes était mon rejet de moi-même intériorisé. Ce phénomène se produit chaque fois que les personnes handicapées intériorisent ou approuvent consciemment les discriminations et les préjugés qu'elles subissent dans notre société, voire les reproduisent.
J'avais tellement intériorisé mes expériences de discrimination que je ne pouvais pas m'accepter. Ce qui était en fait absurde, car on m'avait déjà montré la bonne voie depuis deux ans. Et pourtant, j'en étais toujours au même point.
Il y a quelques semaines, j'ai montré à une soignante quelques photos de cette époque ; nous ne nous connaissions pas à l'époque. Elle m'a dit : "Je ne t'aurais pas reconnue. Tes yeux sont si vides, aucune trace de ton énergie."
Il n'y a probablement pas de meilleure description du moi de l'époque. En fin de compte, j'ai gagné ce combat intérieur parce que je me supportais de moins en moins.
Je n'ai jamais revu l'homme de la chambre d'hôtel mentionné plus haut, je ne me souviens pas de son nom, mais du sentiment de malaise qui c'en était suivi, je m'en souviens même très bien. Ce soir-là, j'avais pris la décision que cela ne m'arriverait plus jamais, et effectivement, cela ne s'est plus jamais produit, même si ça a failli arriver à nouveau.
Au cours des années suivantes, j'ai à nouveau eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont soutenue dans mon processus de guérison émotionnelle, même si elles ne connaissaient pas vraiment la raison de mon mal être. Je me suis énormément investie dans mon rapport avec mon corps et j'ai pu résoudre de nombreux problèmes dus à mon handicap grâce au travail corporel, au BDSM, à un peu de tantra et à des séances photo.
Grâce à cela et à ma transition de genre, je peux dire aujourd'hui que ce corps est enfin vraiment le mien. J'en suis fière et je me réjouis de chaque petite évolution. Aujourd'hui, lorsque je rencontre quelqu'un, que je vais à une séance ou que j'ai des rapports sexuels, je le fais parce que j'en ai envie, pas pour une quelconque validation.
A mon jeune moi, je donnerais ce conseil : "Laisse tomber ces types. Tu n'as pas besoin d'eux, ils ne te méritent pas. Tu vaux mieux que ça".
Si ce combat a servi à quelque chose, c'est à cela qu'il sert : "A bas le délire autour de la "baisabilité" !"
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