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Séduire dans l’ère du consentement

Comment le mouvement sexpositif repense les enjeux liés à la séduction.

Vous êtes-vous déjà demandé s'il était possible de séduire avec intégrité, sans recourir à des tactiques de manipulation ? Dans un monde où les conseils de séduction pullulent, il peut être difficile de distinguer les approches éthiques des stratégies douteuses.

Par Maëlle Marchandon, sexologue et éducatrice à la sexualité

Quand la séduction flirte avec la manipulation.

Imaginez que vous recherchiez des conseils en ligne pour séduire votre nouveau crush. Vous ouvrez votre moteur de recherche et tapez “conseils pour séduire une femme”. Vous tombez immédiatement sur des sites mettant en avant les nouvelles techniques utilisées par les Pick-Up-Artists, ces “artistes de la séduction”. Entre certains conseils pertinents, vous remarquez des éléments qui vous mettent mal à l’aise.

On vous encourage par exemple à faire appel à des techniques manipulatoires comme le negging (critiquer subtilement une personne pour la rendre vulnérable et donc plus susceptible de répondre à vos attentes), on vous parle de stratégies qui ressemblent plus à des outils marketings qu’à des ponts pour démarrer une relation saine et durable.

Entre les conseils de séduction douteux et les témoignages poignants du mouvement #MeToo, vous vous retrouvez face à un dilemme moral. Vous vous demandez comment naviguer dans le monde complexe de la séduction de manière respectueuse et éthique. Est-il possible d’exprimer ses désirs de façon assertive, sans dépasser les limites de l’autre ?

Perspectives du mouvement sexpositif.

Si le dating vous semble un terrain miné, le mouvement sexpositif pourrait vous offrir de nouveaux principes de séduction, davantage basés sur l’authenticité et l’éthique.

Mais sexpositif, ça veut dire quoi déjà ? Le sexpositif (souvent abrégé “sexpo”) est un mouvement né du féminisme des années 80, qui vise à promouvoir une approche positive de la sexualité et de l’expression sexuelle, avec une part importante accordée à la réduction des risques (IST…), au consentement, et à l’inclusivité. Il s’agit de célébrer la sexualité sans jugement, en reconnaissant la diversité des désirs et des pratiques sexuelles comme bénéfiques dans un contexte sain.

Au-delà du mouvement philosophique, l’expression “sexpo” est également souvent employée pour désigner des espaces de rencontre et de sexualité qui souhaitent respecter et mettre en avant ces trois valeurs fondamentales. Ces milieux favorisent aussi la création d’espaces d’exploration sensuelle et sexuelle distincts du libertinage, avec des codes et des modalités de connexion propres.

Pour permettre d’arriver à un espace de partage et de jeu plus sain, le mouvement sexpositif a donc dû repenser la séduction pour la faire reposer sur trois piliers : le consentement, la communication explicite des envies, et le respect des limites.

Le consentement, pierre angulaire d’une séduction sexpositive :

La culture du consentement s’est développée pour être l’antithèse de la culture du viol. Respecter la culture du consentement, c’est approcher la sexualité en ne considérant pas que l’autre a forcément envie d’un rapport sexuel “parce qu’on a bu un verre ensemble”, “parce que je lui payé un diner” ou même “parce qu’on est ensemble dans le même lit”. Cela signifie abandonner la logique du “tant que ce n’est pas non, c’est oui” pour aller vers “tant que ce n’est pas oui enthousiaste, c’est non”.

En pratique, cela demande d’aller chercher une forme de concordance entre un “oui” clair et explicite dans le langage verbal, et un signal d’enthousiasme dans le langage non-verbal (une personne qui regarde ailleurs, ou qui dit “oui” mais semble absente, n’a peut-être tout simplement pas envie de ce rapport !).

Les bonnes phrases à utiliser pour le consentement

Dans les milieux sexpositifs, le consentement est cherché le plus possible de façon explicite, avec des petites phrases qui montrent à l’autre que l’on se préoccupe de ses envies et de ses limites, comme :
  • « Ça te va si je t’embrasse ? »
  • « J’ai très envie de partager un moment pour discuter avec toi, ça te dit ? »
  • « Est-ce qu’il y a des parties de ton corps que tu ne souhaites pas que je touche ? »
  • « Je peux toucher ton sexe ? »
  • « J’aimerais beaucoup de te pénétrer, tu es d’accord avec ça ? »

Séduire dans l’ère du consentement

La communication explicite, pour une séduction sans malentendus.

L’implicite joue un rôle important dans le milieu de la séduction classique. Chaque personne fait les yeux doux et cache ses intentions pour espérer mener l’autre à répondre à ses besoins sans avoir à les expliciter, ce qui peut mener à des malentendus ou une perte de confiance en cas d'incompréhension.

Ainsi, au lieu de suggérer « Tu veux venir chez moi ? » comme prétexte, on pourrait dire : « Je me sens vraiment attiré(e) par toi et j'aimerais que nous passions un moment intime ensemble. Comment te sens-tu par rapport à cela ? ». Cette approche permet à l'autre de comprendre les intentions réelles et de prendre une décision informée, respectant ainsi son autonomie et son droit au consentement éclairé.

Séduire dans l’ère du consentement
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Aller vers une séduction explicite demande donc beaucoup de courage et de vulnérabilité, car elle implique de mettre ses intentions à nu. Si le rejet risque d’être plus direct, cela permet aussi la naissance de relations plus saines, dans lesquelles chaque partie sait qu’il peut faire confiance en l’autre pour exprimer ses besoins et ses limites. Et n’est-ce pas cela, au fond, l’objectif de la séduction ?

Séduire sans pression : créer un espace pour le choix authentique.

Exprimer ses envies sans contrainte est une danse délicate qui demande beaucoup d’attention. Certaines personnes peuvent hésiter à exprimer leurs envies, craignant d'imposer à l'autre quelque chose d'indésirable. Si insister n’est jamais une bonne idée, ne pas exprimer ses besoins peut empêcher de belles relations de naître, ou créer de la distance entre des partenaires.

En pratique, permettre à l’autre d’exprimer un refus demande de respecter quelques règles simples : expliciter que le refus est bienvenu, laisser à la personne un temps de réflexion, et lui fournir un espace pour l’expression de ses envies et limites.

Quelques idées pour faire des propositions sans pression

  • « Je me sens très attiré(e) par toi et j’aimerais explorer cela davantage, mais je veux que tu te sentes libre de refuser. »
  • « Si tu es à l’aise avec cette idée, j’adorerais passer une soirée ensemble chez moi. J’aimerais bien pouvoir découvrir ton corps, mais si tu ne te sens pas prêt(e) ou que tu préfères faire autre chose, je le comprendrai totalement. »
  • « J’aimerais bien aller plus loin avec toi, est-ce que ça te dirait qu’on prenne un temps pour discuter de ce qu’on recherche chacun dans cette relation ? »

En bref, l’objectif d’une séduction sexpositive ne devrait pas être de “gagner” ou “conquérir” quelqu’un, mais plutôt de poser les bases pour démarrer une relation saine et épanouissante pour les deux parties.
 

Qui est l'auteure ?

Séduire dans l’ère du consentement
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Maëlle Marchandon est sexologue, éducatrice à la sexualité et autrice. Au sein de son cabinet, elle guide les individus et les couples vers une sexualité épanouissante. Sa pratique repose sur une approche scientifique et réaliste de la sexualité, mettant l’accent sur la communication et le consentement plutôt que sur la performance sexuelle. www.maellemarchandon.com

 

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