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Le vaginisme

Comment vivre une vie sexuelle épanouie quand on en souffre ?

J’aimerais aujourd’hui vous parler de cette problématique qui commence à faire parler d’elle, mais sans doute pas suffisamment encore. C’est une cause fréquente de prise de RDV pour les patients qui viennent au sein de mon cabinet, c’est pourquoi j’ai pu en tirer quelques grandes lignes d’explications et de compréhensions avec le temps qui, je l’espère, pourront aider d’autres personnes.

par la psychanalyste Ines Perrot

Alors, le vaginisme c’est quoi ?

C’est un trouble sexuel féminin qui consiste en une contraction des muscles du périnée qui rend la pénétration par quelque objet que ce soit douloureuse et très compliquée voire impossible. Au delà du la contrainte que cela impose à un niveau physique, c’est aussi une source de stress et de difficulté psychologique puisqu’elle impacte la personne mais aussi le couple s’il y a. Il est souvent difficile pour le partenaire, en particulier un homme ou toute personne qui ne possède pas de vagin, de comprendre ce qui se passe pour la personne concernée.

Bien que j’utilise le terme de vaginisme dans ce cas précis, je ne ferai pas de distinction avec la dyspareunie (une douleur ressentie juste avant, pendant ou après les rapports sexuels, dans la zone génitale.) puisque, bien que les états soient différents, les conseils que j’apporte peuvent tout à fait s’appliquer aux deux situations. Le but étant, dans les deux cas et en fonction du désir de la personne, de retrouver un confort dans son corps et une possibilité de pénétration mais aussi d’accéder à une sexualité épanouie sans avoir recours à cette pénétration.

Quelles sont les causes ?

Les causes de ce vaginisme ou dyspareunie peuvent être à la fois multiples et multi factorielles. La raison peut être purement physiologique :

  • Des problèmes nerveux empêchent la décontraction des muscles qui restent sans cesse contractés sans que la personne puisse en avoir le contrôle.

  • Une étroitesse du vagin qui rends les frottement à la pénétration très intenses.

  • Un changement de physiologie et de sensation après un accouchement. Pour certaines femmes, l’accouchement peut laisser certaines séquelles qui entraînent une difficulté lors de la pénétration comme des cicatrices ou des sensations de brûlures sur une muqueuse qui a été fragilisée.

  • Des blessures ou un vécu négatif suite à une agression, des abus ou des examens médicaux invasifs et douloureux.

Toutefois ces deux dernières raisons ont également, entre autres, des conséquences psychologiques, le sujet pouvant facilement associer ensuite à cette partie de son corps une notion de douleur et de danger dont il tente de se protéger en « fermant » la zone, comme une barrière naturelle qui empêche que cela se reproduise.

Parfois cela peut être également une simple peur ou une méconnaissance inquiétante autour de la sexualité qui empêche la personne d’accéder à cette part d’elle. Cela peut encore venir de croyances négatives du à une éducation ou des pensées personnelles selon lesquelles le sexe est quelque chose de dégoutant, sale, honteux...

Comment faire ?

  • Pour le partenaire ne surtout mettre aucune pression et ne pas forcer : non, ça ne rentrera pas plus si on contraint l’autre ou le culpabiliser avec des « ça ne passera jamais si on n'essaie pas ». Être a l’écoute des peurs et se montrer patient.e est la clé : votre partenaire à besoin d’être rassuré.e et de penser qu’il n’aura pas mal et que, pour se faire, vous serez un.e allié.e. Ne devenez pas une source de négativité sexuelle supplémentaire.

  • Pour le sujet, il faut se questionner sur son envie : pourquoi je veux être pénétré.e ? Est ce que je le veux vraiment ? Est ce que je veux faire plaisir à l’autre ? Est ce la pression sociale ? Et si au fond je n’aimais pas ça ?

Si votre tête et votre corps ne sont pas en accord alors ce dernier se défendra d’un acte qu’il considère comme une effraction et ne se laissera pas faire.

Le vaginisme
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  • Ne pas se forcer : on ne couche pas avec quelqu’un pour lui faire plaisir ou éviter les conflits même si c’est son/sa petit(e) ami(e), mari/femme ou amant(e). Le partage et le consentement restent des clés essentielles pour que cela fonctionne et que chacun y trouve du plaisir.

  • Utiliser des lubrifiants ( il n’y en a jamais trop!) pour éviter les frottements et sensations de brûlures qui ne feraient qu’ajouter à l’inconfort et renforcer le blocage. Si accéder à la pénétration est vraiment important pour vous sans réussir à y parvenir alors vous pourrez vous tourner vers plusieurs possibilité afin d’être accompagné.e.

Les pistes de soin

Il faut en premier lieu, et ce comme dans la plupart des troubles qui ont une source ou une conséquence sur le corps, éliminer la piste somatique et médicale. Consulter son.a généraliste, quand le rapport est de confiance et parler librement, ou bien une sage femme, si la personne concernée a déjà commencé ce type de prise en charge. Il faut d’abord vérifier qu’il n’y a pas de malformation vaginale, d’infection, une ménopause récente ou encore un traitement médicamenteux qui peut parfois altérer le corps.

Parfois, des solutions simples suffisent pour lutter contre cet effet comme des exercices permettant d’apprendre à détendre progressivement les muscles du plancher pelvien. Apprendre à connaître son corps et son fonctionnement sera une aide précieuse pour mieux le contrôler.

Pour accéder à cela une thérapie de type corporelle avec un.e kinésithérapeute spécialisé.e ou certaines sages-femmes permettra de redécouvrir son anatomie et de s’approprier (ou se réapproprier) son sexe. Pour continuer les exercices à la maison, l’utilisation de dilatateurs de différentes tailles et des crèmes relaxantes ou anesthésiantes pour diminuer la douleur et la crispation peuvent se montrer efficace, après avis médical.

Un espace où parler de sexe non-pénétratif.

La pénétration, c'est une pratique comme une autre, elle n'est pas le climax, ou l'objectif d'un rapport sexuel. Le schéma "préliminaires - pénétration" est à déconstruire !

Chez JOYclub, nous avons mis en place le groupe Sexe non-pénétratif en place, où chacun.e peut discuter librement de pratiques sexuelles sans pénétration, en toute bienveillance et sécurité. Vous êtes intrigué.e par le karezza, le humping ou encore le sexe oral ? N'hésitez plus, et inscrivez-vous sur le groupe !

La sophrologie, pour apprendre à relaxer le corps de façon plus active et consciente, va également dans ce sens.
En parallèle, ou si cela ne donne pas de résultat, un travail sur le plan psychologique peut aider à trouver la source de ce vaginisme et un.e accompagnement en psychothérapie fera sens, particulièrement chez les sujets ayant subi un traumatisme.

L’approche mentale par l’hypnose ou une thérapie cognitivo-comportementale permettent également « déconditionner une habitude » et ainsi de modifier les pensées réflexes de peur chez la femme atteinte par ces difficultés. Elle se traite de plus en plus comme une phobie par exposition progressive avec des avantages visiblement significatifs pour la plupart des individus.

Bien que le traitement ait été traditionnellement fixé sur la désensibilisation progressive à la pénétration vaginale, la plupart des études récentes démontrent des résultats peu satisfaisants (un tiers des femmes seulement auraient résolu leur vaginisme ainsi). En revanche les nouvelles approches sont plus prometteuses et particulièrement le travail en collaboration entre un.e psychologue ou sexothérapeute et thérapeute physique du plancher pelvien peut considérablement améliorer les résultats du traitement.

Une autre sexualité est possible !

Et oui, parce qu’il n’y a pas que la pénétration dans la vie ! Et heureusement ! On l’oublie parfois, parce que c’est l’image majoritairement véhiculée : un rapport sexuel, particulièrement dans une relation hétérosexuelle, doit passer par cette pénétration, sinon ce n’est pas vraiment « coucher » avec quelqu’un. En réalité, si l’on sort de ces clichés il y a de nombreuses pratiques et un champ très vaste de sexe non-pénétratif.

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La plupart des femmes trouvent autant de plaisir dans les rapports uro-génitaux (cunnilingus) et les autres stimulations externes. Tout d’abord, clitoridiennes aussi appelé depuis peu « Klittra » mais également se détacher du pur génital pour explorer le rôle des caresses et des autres zones érogènes. L’accès à l’orgasme ne passe pas nécessairement par les organes génitaux et encore moins le vagin. Amusez-vous et testez d’autres sensations. Et si vous n'arrivez pas à jouir, n'hésitez pas à lire notre article sur l'orgasme, pour prendre son pieds sans pression !

Afin d’accéder à cela plus facilement, le rôle de la masturbation me semble également important. Pouvoir se sentir à l’aise pour parler avec son partenaire de ce que l’on aime et de ce que l’on ressent passe par une bonne connaissance de soit et de ses mécanismes afin de pouvoir guider l’autre vers ce qui vous plaît. Se donner du plaisir à soit même permet aussi de remettre un ancrage positif : sexe = plaisir.

Certains pays sont beaucoup plus formés et avancés sur ces questions qu’en France, notamment le Canada qui recense de nombreux.ses professionnel.les compétent.es pour accompagner les patient.es présentant ce type de troubles. Beaucoup de ressources sur le sujet proviennent de recherches de l’université d’Ottawa qui possède un laboratoire de recherche sur la sexualité humaine.

Une liste de praticien.nes formé.es aux questions de vaginisme :
Lesclesdevenus
Périné-bien-aimé

 
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