Aucun corps ne peut se comparer à un autre, car nous sommes uniques dans nos formes, nos traits, nos couleurs et nos grains de peau. Tout irait bien dans le meilleur des mondes s'il ne fallait entrer dans une norme dictée par la société, et ce, depuis de nombreux siècles, prenant des formes variables selon les époques et ayant pour nom : la beauté.
Par Olivier Chabaud, photographe en Photo Art Thérapie
L'évolution de la beauté
Au 16ème siècle la beauté, c'est le visage, les mains, le buste. Au 17ème et 18ème la beauté n'est pas naturelle, elle se travaille, le corset demeurant l'instrument de la belle silhouette. Au 19ème, la beauté se généralise au corps entier et s'érotise, pour se médiatiser au 20ème avec le cinéma, puis la télévision.
Mais les choses prennent une autre tournure au début de ce millénaire avec les réseaux sociaux. Les photographies des corps s'affichent de façon permanente avec une consommation quotidienne. L'image se distille au compte-goutte et finit par prendre possession de nos vies.
Et l'arrivée du numérique a apporté un élément qui n'a pas arrangé les choses : la retouche ! Les logiciels devenant de plus en plus performants et accessibles au grand public, ils ont fini par arriver sur les applications de nos smartphones. En quelques clics, on peut se modeler un visage et un corps. Le rendre parfait quitte à gommer tout ce qui fait nos différences et nos richesses jusqu'à en perdre notre âme !
Fort heureusement tout le monde ne va pas dans cette direction, mais le modèle érigé par la société est, lui, bien présent. Le regard d'autrui également, jusque dans ses paradoxes.
Prenons l'exemple du ventre de la femme enceinte. Nous avons tous déjà entendu la phrase : le corps d'une femme enceinte est magnifique ! Cette rondeur devenant quasiment iconique. Enlevez le bébé et la rondeur n'est plus du tout vue de la même manière.
La naissance des complexes
De là commencent les complexes. On finit par se focaliser sur ces parties fantômes que j'appelle zones d'ombres, et qui ne demandent qu'à être éclairées. Combien de fois, lors des entretiens que j'ai eu avec les personnes avant les shootings, j'ai entendu : « J'ai du mal avec (mon nez, mon ventre...) » ou « Je déteste…(mon nez, mon ventre...) ».
Cet élément avec lequel nous vivons pourtant chaque jour et qui finit par devenir un véritable fardeau tant dans le regard des autres, que dans notre intimité. La main du partenaire effleurant la zone d'ombre ne fait que renforcer ce vide, le transforme parfois en dégoût et peut dans certains cas ruiner complètement les rapports au sein du couple (de manière consciente ou parfois inconsciente) et la parole, de fait, est d'une importance capitale.
Car si cette zone d'ombre demeure secrète il va bien évidemment se faire sentir une gène au moment où les corps vont entrer en contact. Et la gêne occasionnée peut créer un malaise que le partenaire peut prendre pour une maladresse de sa part !
En parler, c'est déjà amorcer le travail de reconstruction.
La tête et le corps
Reconstruction également dans certains cas de deux éléments qui ont tendance à se séparer (je l'ai parfois rencontré dans mon travail photographique). Je veux parler de la tête et du corps. Prendre en photo le corps sans la tête, c'est rendre ce corps anonyme.
À l'inverse, le portrait (pour les personnes n'ayant pas de zones d'ombre dans cette partie-là) permet de fixer le regard sur ce qu'on pense être le centre vital de notre personne. Mais c'est un leurre. Prenons l'exemple d'un pommier en fleurs au printemps. C'est magnifique, mais ce qui lui donne son essence, c'est ses branches, son tronc et évidemment ses racines !
Ah, le regard et son frère : le jugement. Véritable labyrinthe où il ne faut pas se perdre.
Je me regarde, je regarde les autres, les autres me regardent, les autres se regardent après m'avoir regardé...
Et ma zone d'ombre que tout le monde peut voir ! Je la cache quand c'est possible évidemment car le regard que l'autre me renvoie est un sentiment de malaise, de honte parfois. Et les choses vont plus loin lorsqu'on ne sait plus ce que les regards expriment. Mais on est tellement accablés sur cette négativité qu'elle finit par nous ronger de toute part et le corps ne trouve l'espace nécessaire pour résonner.
Or, le corps, pour être en harmonie, est comme un orchestre, il a besoin de tous ses membres. Rejeter un de ses éléments cause un déséquilibre. Cet oublié est de fait mis à l'écart et pourtant il ne demande qu'à être aimé ! Posons-nous donc cette question : qu'est-ce qu'on aime ou quelles parties de notre corps on aime ?(prenez un petit temps pour essayer d'y répondre)
C'est très important, car c'est le début du processus d'acceptation.
Photo Art thérapie
C'est ce que j'essaye d'apporter en Photo Art thérapie. C'est-à-dire une manière de changer le regard qu'on a de soi; faire circuler la lumière des zones aimées ou acceptées vers les zones délaissées et ainsi homogénéiser le corps dans son entier pour qu'il retrouve toute sa clarté .
Pour cela évidemment je reviens vers un travail photographique des plus sobres et proche de ce qu'on faisait en argentique d'où une retouche inexistante.
Toute la dynamique va venir aussi de cette partition que l'on va jouer, l'artiste modèle et moi-même. J'insiste sur le mot artiste, car la personne photographiée est évidemment artisane du processus créatif qui va se mettre en mouvement. j'essaye de faire la lumière sur ces zones oubliées et de donner à la personne les clés nécessaires afin que dans son cheminement au quotidien elle puisse continuer à reprendre confiance en elle.
Dans nos vies tellement plongés dans des écrans de toutes sortes. Où les corps se succèdent dans une bacchanale infernale, il est temps de faire une pause. De se tourner peut-être vers les personnes qu'on aime et qui nous entourent. Mais ce qu'il faut avant tout, c'est commencer à se reconnecter avec soi-même et se dire : mon corps m'appartient et je l'aime !
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