Cul - On veut du vrai !

« Tu veux devenir un Dieu ou une Déesse du sexe ? Mate du porno, il n’y a que ça de vrai ! ». Voilà malheureusement le genre de phrase que j’entends à tout va, encore aujourd’hui, fin 2023. Vous savez pourquoi cela est dramatique ? Parce que le porno c’est tout sauf du VRAI.

Par Maureen Mellet

Je crois sincèrement que la sexualité au sein d’un couple (peu importe son genre ou son orientation sexuelle) ne peut tout simplement pas se résumer en notion de performance, en corps « parfaits » - d’après les diktats de notre société -, en jeux coquin, en objets en tout genre ou en positions farfelues. La sexualité au sein d’un couple est bien plus complexe que cela. Et s’il suffisait d’appuyer sur trois boutons pour obtenir systématiquement le même résultat satisfaisant pour tout le monde, ça se saurait !

Et si on SEXplorer véritablement au sein du couple ?

Combien sommes-nous, hommes comme femmes, trans comme non binaires, à songer avoir un problème dans notre sexualité ? Combien sommes-nous à régulièrement entendre les joies et somptuosités des autres - celles et ceux qui semblent épanoui.es et toucher le 7ème ciel systématiquement - alors que de notre côté, la sexualité dans notre couple ne paraît pas si fructueuse.

C’est vrai ça, on a jamais autant parlé de cul aussi librement qu’aujourd’hui, le marché des lovetoys est en expansion, l’embrigadement pornographique ne cesse de sévir et pourtant… Nombreux couples que je reçois en thérapie semblent totalement insatisfaits et frustrés dans leur sexualité. Alors on pourrait légitimement se poser la question ; pourquoi ça parait si simple chez « tout le monde » et pourquoi est-ce si "compliqué" chez nous ?

Vous savez ce en quoi je crois ? C’est que dans toute cette émancipation sexuelle, nous nous sommes perdu.es. Oui, nous avons oublié l’Essentiel, le Sacré, le Vivant, l’authentique.

©DisobeyArt by Getty Images

Le sentiment que la plupart des hommes de ce monde sont obnubilés - en matière de sexe - à l’idée d’être « performants au lit ». Tandis que les femmes, elles, sont sans cesse à se demander comment elles pourraient être « plus satisfaisantes », plus « désirables », comme si elles se devaient d’être « responsables » du plaisir de l’homme.

Et à force de courir après l’orgasme et le plaisir, à force de courir après notre droit à jouir, on en oublie nos devoirs relationnels. Celui de prendre soin du lien, celui d’être plus conscient.e et soucieux.se de la qualité de notre relation, celui d’être en Présence véritablement, celui de connecter intimement au cœur de notre Allié.e.

Existe-t-il une potion magique ?

Une potion magique, aucune idée ! D’ailleurs, en existe-il une vraiment ? De nouveau, je souhaite rappeler ici qu’il n’existe aucune règle en matière de sexualité, ni même en matière de couple.

Je suis effarée par le nombre de publications journalières que je vois défiler sur mon feed instagram qui certifient avec véracité ce qu’est « un couple », « une relation saine », « une relation toxique », « une sexualité épanouie »… Qui sommes-nous pour en juger ? Chaque couple est différent et chaque être humain l’est également. Vous êtes bien libre d’aimer ce que vous aimez ou de refuser certaines pratiques qui ne s'accordent pas avec votre plaisir ou vos valeurs.

Cependant, il existe à mon sens plusieurs ingrédients qui me paraissent indispensables au partage d’une sexualité consciente.

• Le consentement : vérifier que mon Allié.e est OK pour passer un moment d’amour avec moi ET qu’il en a envie ! Car être OK ne suffit pas. N'hésitez pas à lire cet article sur le consentement.


• L’intimité : co-créer un sas émotionnel dans lequel je me sens véritablement connecté.e à toi dans la sécurité.


• Le toucher : lent, conscient, intentionnel.


• Les caresses : et pas forcément sur les parties génitales. Notre corps est composé d’une multitude de parties érogènes. Autorisons-nous à visiter le corps de notre Allié.e dans la délicatesse et la dévotion.


• Les mots doux (ou les mots crus) : en gros, ne pas hésiter à se parler, entrer en communication l’un.e avec l’autre.


• La respiration : nul ne sert de respirer comme si vous aviez couru un marathon. Laissons ça à la culture pornographique ! Plus votre respiration sera lente, profonde et consciente, plus elle réveillera l’énergie de votre corps tout entier.


• Le regard : parce qu’il permet d’entrer en connexion. Parce qu’il est souvent la porte d’entrée du cœur de l’autre. Parce qu’il me permet de plonger dans ton âme, à la recherche de ce qui te fait du bien et te rend heureux.se.


• La sécurité : en instaurant et cultivant un climat de confiance entre vous deux. En dialoguant et respectant les limites de chacun.e. En établissant ensemble ce qui est OK et ce qui ne l’est pas.


• Et évidemment, la connexion : cet espace où je peux être moi, avec toi. Cet espace où je peux véritablement me rencontrer sans craindre d’exposer une partie de moi que tu n’accepterais pas. Je peux me laisser être et me laisser traverser par toutes les émotions possibles, parce que tu es là et que tu me tiens.

A bas la performance physique

No pression pour jouir

Le consentement, la base !

Du love, du cul et encore du love !

La plupart des couples que j’accompagne en thérapie sont à la recherche de davantage de CONNEXION. Celle qui me fait me dire, je suis là avec toi, dans la Présence de cet instant, dans la douceur de ce moment. Je n’attends rien si ce n’est de passer un moment d’amour avec toi dans lequel toi comme moi nous mettons au service de notre Nous. Devenir des explorateur.trices érotiques à la recherche de sensations merveilleuses et dans l’accueil des plus inconfortables. Parce que quand je me sens connecté.e à toi, je te sens, je te vois, je te sais, émotionnellement là, relié à moi, à toi, à nous.

Mais alors, concrètement, comment fait-on ?

Avant mon Allié, Paul, j’ai longtemps cru que j’avais un problème dans ma sexualité. J’étais soit « trop » soit « pas assez ». Entre nous et avant de retrouver Paul que je connais depuis mes 12 ans, ma sexualité auprès d’anciens partenaires s’apparentait plutôt à de l’ennui, une obligation conjugale, une injonction à « être une femme », des douleurs pendant les rapports totalement ignorées, la pénétration et l’orgasme comme seule finalité. Entre nous, une vraie corvée !

Et petite à petite, je me suis mise à éviter ce genre de moment, non pas parce que je ne les aimais pas (contrairement à ce qu’on a tenté de me faire croire) mais bien parce que je n’aimais pas ce à quoi je connectais une fois que c’était fini. Je me sentais souvent frustrée, vide, prise d’une profonde tristesse et avec le sentiment de passer « à côté de quelque chose ». En retrouvant Paul au lycée et d’autant plus lorsque nous nous sommes retrouvés 7 ans plus tard, j’ai découvert et compris beaucoup de choses à ce sujet.

Aujourd’hui je sais que j’ai le droit d’avoir des limites et des interdits, tout comme lui. J’honore certaines pratiques tribales et ancestrales qui favorisent la connexion émotionnelle et relationnelle plus que la pénétration ou la performance imaginaire.

Préparer l’espace qui saura accueillir nos danses est tout aussi fondamental. Cela ne signifie pas que la spontanéité n’existe plus, simplement qu’on peut aussi se donner rendez-vous pour passer un moment d’amour. Et dans ce cas, prendre soin du lieu qui nous accueille et des énergies qui y circulent me paraît tout aussi important. Des bougies, de l’encens, des draps propres, des musiques qui détendent notre système nerveux, des fleurs qui sentent bon, des huiles essentielles… Autant d'éléments qui nous permettent de nous ancrer dans l’instant.

Comprendre aussi que la pénétration et l’orgasme sont loin d’être des fins en soi. J’ai le droit de me libérer de la honte, du jugement et le droit de ne plus me sentir sale sous prétexte que je génère en toi du désir.

Aujourd'hui, moi comme nombreux.se d'entre vous - je présume -, on veut du vrai ! On veut de la connexion ! On veut du Vivant dans nos lits, dans nos canapés, dans nos maisons !

On veut se voir depuis nos coeurs, se sentir depuis nos corps, se vivre depuis nos âmes.

Et entre nous, ce n'est ni réservé à une Élite, ni une figure acrobatique inenvisageable. C'est une œuvre qui se sème, cultive, se protège, s'apprend, s'arrose, se love et se déguste avec conscience.

Qui est l'auteur ?

Maureen est thérapeute de couple, coach en relation & formatrice.
Après avoir travaillé plusieurs année en service hospitalier en tant qu’infirmière dans les soins somatiques et psychosomatiques, elle se forme rapidement à l’approche de la thérapie systémique et familiale dans la relation d’aide, au paradigme relationnel, à la Vie affective, relationnelle et sexuelle ainsi qu’à l’emprise et ses dérives. Elle prend coeur à collaborer en tant que Coach en Hypersensibilité auprès d’Amescience Academy, après avoir suivi leur programme – Coach ELITE, méthode AIGLE. Son attrait pour les approches holistiques la pousse également à se former à la Mindfulness (méthode MBSR) et à diverses pratiques psycho-énergétiques.

Aujourd’hui, Maureen accompagne des couples, des hommes et des femmes. Au travers de thérapies, de formations, de retraites, de conférences, d’atelier en ligne ou encore de ses réseaux sociaux, elle enseigne à relationner de manière consciente afin de (re)trouver une vie de couple déculpabilisée, responsable et soucieuse du bien-être de chacun⋅e.

Plus d’infos sur ses accompagnements & actualités ici : Coupleallie
Retrouvez là sur ses réseaux sociaux : @maureen_mellet

 

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