Psychologie du fétichisme

Cet article à pour but de donner quelques clés de compréhension afin de permettre aux individus qui pourraient se reconnaître dans le fétichisme de réaliser ce qui se joue pour eux et comment ils peuvent, si besoin, être accompagnés. La découverte de cette sexualité soulève des questions qui ne sont pas toujours faciles: Comment accepter ce que l’on ressent, comment le vivre au quotidien et le vivre aussi avec ses partenaires ?

par Ines Perrot

Pour les détails et définitions plus cliniques des termes de « fétichisme » et de « perversion » vous pouvez vous référez aux deux autres articles très bien écrits sur le forum.

Les différentes définitions du fétichisme

Il est simplement important de bien distinguer ici le fétichisme en son sens plus général, c’est à dire qu’une personne pourra se considérer fétichiste parce qu’elle est excitée sexuellement par un objet, une matière, une vision etc.. et le fétichisme au sens plus profond et « pathologique » du terme. Bien-sûr, il est difficile de dessiner une frontière nette entre les deux et il n’y a pas un moment clé où l'on passe du « normal » au « pathologique », l’individu n’étant pas un être binaire.

Quand je parle ici de normal et de pathologique, je n’ai pas la prétention ni la volonté d’émettre un diagnostic médical ou encore moins un jugement mais cela est à comprendre ici dans le sens du handicap que cela présente dans la vie quotidienne : Si je peux vivre avec mon fétichisme sans que cela rende difficile mes rapports personnels, intimes et sexuels, dans la masturbation ou avec d’autres personnes, alors le fétichisme est à vivre comme un plus, un bonus que je rajoute pour pimenter les choses.

Au contraire, je désigne ici par « pathologique » le sujet qui se trouve en souffrance face à ses fétiches car il ne peut pas assouvir ses besoins, cet objet fétiche étant indispensable à la prise de plaisir et plus particulièrement à l’orgasme. Il faut être conscient de ce que, dans le cas pathologique, signifie le fétiche : il n’est pas l’apanage d’individus pervers ( terme qui a d’ailleurs été bien transformé et galvaudé pour perdre son sens premier) cherchant toujours plus de satisfactions.

Le sujet n'a, par ailleurs, pas besoin d'être conscient de son fétichisme ou même de l'objet élu pour que la sexualité se trouve altérée par son absence. C'est seulement lorsqu'il réunit les conditions adéquates dans le but d'obtenir la jouissance qu'il devient alors fétichiste. L’objet choisi à un rapport symbolique avec la sexualité du sujet sans même que celui-ci en ait, le plus souvent, le lien.

Dans ce cas, le fétiche a une signification bien plus profonde et est, pour le sujet, une protection qui lui permet de lutter pour ne pas s’effondrer devant des angoisses liées à la petite enfance. Le pervers est un individu qui a été profondément choqué et marqué par une expérience infantile face à laquelle il n'a pas trouvé de soutien. C'est donc en réalité un tourbillon d'affects qui se joue à l'intérieur et qui peut faire vaciller sa vie psychique.

Il n’est donc pas question de pointer ici le fétichiste/pervers comme quelqu’un d’anormal ou de dérangé mais justement de reconnaître qu’il peut être ou a pu être en souffrance et que, finalement, trouver une réparation ou un échappatoire dans la sexualité est une réponse assez saine à la situation. En effet, dans la réalité, ces pratiques sont loin de l’image véhiculée par les livres ou les films populaire dans lesquels le pervers est malsain et dangereux mais correspondent bien davantage à ces couples, hommes ou femmes tout ce qu’il y a de plus « normaux » que l’on peut croiser sur les sites internet dédiés ou dans les clubs libertins.

Exister par le regard

Pour cet autre point qui concerne l’existence à travers le regard, j’aimerais citer cette phrase d’un patient tiré d’un ouvrage collectif sur le fétichisme et que je trouve vraiment pleine de sens. Il s’agit du regard de l’autre, celui que nous cherchons tous et dont nous avons tous besoin pour, en miroir, comprendre et révéler qui nous sommes.

*Citation extraite du livre : Bouhsira, J., Janin-Oudinot, M., & Bouchet-Kervella, D. (2012). Le
fétichisme : études psychanalytiques (1 re éd.). Monographies et débats de psychanalyse. Presses Universitaires de France.

Ici le patient décrit ce qui est le plus important pour lui lorsqu’il se rend dans des clubs libertins, fétichistes, SM etc… Ce qui permet à l'auteur de mettre en avant l’aspect éminemment visuel du fétichisme. Ce que cet homme cherche en allant dans ces lieux, ce n'est pas le sexe, ce ne sont pas les sensations corporelles mais c'est avant tout le regard de l'autre.

Ce dont il a besoin avant tout, c'est qu'on l'admire, que tout le monde pose les yeux sur lui lorsqu'il entre, qu'il se sente désiré, qu'on le remarque au-dessus de tous. Pour cela il va s’exhiber nu ou porter ses plus belles tenues et rien que cela lui procure du plaisir et une satisfaction en soi.

D’ailleurs, on peut aisément constater que, dans les soirées dites plutôt fétichistes, il y a davantage de place accordée à la danse, aux caresses des matières, à la discussion ou au simple fait d’être en communauté. Le jeu est souvent bien moins axé sur le sexe à proprement parlé puisque vivre le fétiche porte son sens à part entière et a sa propre portée sexuelle.

Et si j’étais fétichiste ?

Mais alors, la question que certains peuvent se poser est la suivante: si je suis fétichiste, ou que je pense l’être, qu’est ce que je peux faire ?

La bonne nouvelle c’est que les pratiques sexuelles qui sortent de la norme et de la sexualité vanille sont aujourd’hui de plus en plus acceptées voir valorisées. Dans le grand public ou sur des plateformes comme celle de JOYclub, chacun.e peut trouver sa place en échangeant avec les autres afin de cesser de se sentir seul et ainsi découvrir ce qui lui plaît et lui convient. Ces communautés sont également importantes pour être protégé et pouvoir libérer la parole ou le corps dans un espace sécurisant et bienveillant.

Internet est également une ressource incroyable pour se renseigner et trouver des avis sur les lieux de rencontres et clubs afin de pouvoir vivre ces expériences en toute indépendance.

Un peu plus désuet, il y a aussi beaucoup de littérature sur le sujet. Des choses plus anciennes ou très récentes, allant de la psychologie, au développement personnel ainsi qu’aux ouvrages plus grands publics qui peuvent encore faire avancer les réflexions.

Lors de rencontres avec des partenaires, et ce quelque soit le degré de longévité ou d’intensité de la relation, la communication reste toujours la clé. L’autre peut ne pas adhérer ou comprendre, en revanche, si l’on prend le temps d’expliquer ce qui se joue pour soi, il est davantage possible de l’intégrer peu à peu dans les rapports et même faire découvrir à autrui de nouveaux horizons. Le simple fait de l’avouer à son partenaire est souvent une libération en soi.

Pour certaines personnes, il peut aussi être difficile d’accepter ce fait ou ces envies. Dans ce cas, il est possible de se tourner vers un thérapeute. Il y a de nos jours de nombreuses possibilités quant au choix de suivi et surtout des sexologues formés et ouverts sur ces questions. Le but n’est, bien-sûr, pas du tout de faire changer le sujet mais au contraire de l’accompagner à trouver son chemin de la manière la plus positive pour lui.

Inscris-toi dès aujourd'hui pour voir tout le contenu et pour pouvoir échanger avec la communauté. L'inscription est bien sûr gratuite. Nous sommes impatients de te rencontrer ! Inscris-toi gratuitement dès maintenant

Cet article t'a plu ? Alors clique sur "j'aime" !

Et toi, quel est ton fétichisme ? Viens en discuter sur le forum !