Le fétichisme est une pratique sexuelle peu comprise, et même considérée comme fortement douteuse dans notre société. En somme, encore une grande victime des préjugés.
Par Eva
Les définitions du fétichisme
Certes, le fétichisme n'est pas illégal, mais il flirterait avec le malsain et le toxique, comme l'illustrent bien les définitions qu'on en trouve dans des dictionnaires bien connus de chacun.e.
Le Larousse nous parle du fétichisme comme étant une « Déviation des pulsions sexuelles d'un sujet sur un objet érotique de substitution qui peut être aussi bien une partie déterminée du corps (cheveux, seins, fesses) qu'un objet (vêtement, chaussure). »
Déviation, déviance. La frontière est mince n'est-ce pas.
Pire encore, le Robert quant à lui, parle de « Perversion sexuelle incitant à rechercher la satisfaction sexuelle à travers des objets normalement dénués de signification érotique. »
Dans les médias, le fétichisme est souvent l’apanage des tueurs en série qui gardent précieusement le soutien-gorge ou un tampon usagé de leur victime. Bref, entre les définitions du dictionnaire et les séries policières, si vous imaginez un fétichiste en psychopathe qui va vous arracher vos collants, c'est normal.
Le fétichisme dans les médias
Ces dernières années, les représentations du fétichisme à la télévision évoluent, doucement mais peut-être pas encore sûrement.
Vous n'êtes peut-être pas sans savoir que le célèbre réalisateur Quentin Tarantino est connu également pour son amour des pieds, et il y fait référence dans plusieurs de ses films. Vous ne regarderez plus Kill Bill de la même façon on parie !
Dans un autre registre, la série Bonding par exemple, qui relate l'histoire d'une jeune femme qui, parallèlement à ses études, enfile ses cuissardes pour fouetter quelques clients adeptes du BDSM et met à l'honneur quelques pratiques telles que le fétichisme. Une scène notamment montre la knismolagnie ou « fétichisme des chatouilles ». Un homme éprouve du plaisir sexuel en se faisant donc chatouiller par la protagoniste.
L'intérêt de cette scène réside dans la situation sociale de ce couple, peu habitué à ce genre d'univers : il s'agit de « Monsieur, Madame Tout-le-monde. »
Et oui, votre voisin.e, votre médecin, vos ami.es, et peut-être vos parents sont fétichistes, sans que vous ne le sachiez.
Les années passant, j'ai découvert dans mon entourage plusieurs personnes qui ont des fétichismes : par peur d'être moqué.es ou mal compris.es, c'est un sujet encore peu abordé. On ne parle pas de sa vénération pour les pieds comme on parlerait de son amour de la fellation ou du cunnilingus. Et c'est bien dommage.
Mon expérience avec le fétichisme : un cheminement vers la tolérance
La première fois que j'ai eu affaire à un fétichiste, ma réaction n'a pas été des plus tolérantes. Il faut dire alors que j'étais moi-même pétrie de préjugés envers tout ce qui était hors-norme et subversif. La sexualité « vanille » (c'est à dire une sexualité des plus conventionnelles, sans pratique de type BDSM, fétichisme) était ma seule référence, ma seule expérience, et le reste n'était que les fantaisies de quelques personnes sans doute marginales.
L'ignorance est mère de la peur, et j'en étais la parfaite incarnation.
Une paire de chaussures à talons prenait la poussière dans un coin de mon armoire et j'ai décidé qu'il était grand temps de m'en débarrasser : direction un site de vente d'occasion, quelques photos et une description, l'annonce était prête.
J'ai reçu très rapidement un message très singulier me demandant si j'avais d'autres paires de chaussures, qui avaient été davantage portées que celle que je vendais. Cette question était très étrange, d'habitude on préfère acheter des chaussures neuves ou quasi-neuves plutôt que des chaussures usées bonnes à jeter, n'est-ce pas ?
Je renvoyais donc une réponse, en attendant la suite. J'ai rapidement compris qu'un fétichiste m'avait écrit. Ma réaction d'alors ? Moqueries et incompréhension.
Lors de cours d'Histoire de la danse à l'université, je découvrais, encore ébahie, qu'au début du siècle dernier, des hommes s'arrachaient les chaussons des grandes danseuses étoiles pour boire du champagne dedans. Fanny Elsler et ses consœurs devaient s'étonner de l'effet provoqué par leurs pieds souvent abîmés par tant d'exercices physiques. Presque autant que moi.
Quelques années plus tard, je découvrais l'univers du fétichisme sous un autre angle, et via la série Orange Is The New Black. Si vous ne connaissez pas, l'histoire se déroule dans un milieu carcéral pour femmes. Dans l'un des épisodes, quelques prisonnières décident de monter secrètement une petite entreprise de vente de culottes sales en ligne. Ni une ni deux, j'étais sur Internet, essayant de trouver des sites qui en vendaient, car je voulais vérifier la véracité de cette information : des personnes acheteraient des petites culottes, portées plusieurs jours d'affilées et aimeraient ça ?
Je ne fus pas déçue, et trouvais bel et bien des sites où plusieurs culottes étaient vendues, à des prix différents en fonction de critères tels que la durée pendant laquelle le sous-vêtement avait été porté, la qualité de la culotte (en coton tout simple, ou avec de la dentelle), et sans doute d'autres critères qui m'ont échappé alors. J'en rigolais, mais je commençais légèrement à changer de discours. Après tout, pourquoi pas ?
Durant mes pérégrinations sur le chemin du fétichisme, je tombais sur un article en ligne qui parlait d'une entreprise américaine qui vend entre autres des couches pour adultes. Des couches pour adultes qui ont des fuites urinaires ? Du tout. Des adultes qui aiment porter des couches pour les sensations procurées ? Tout à fait !
Ce fétichisme se connait sous le sigle l'ABDL (Adult Babies – Diapers Lovers), et revêt plusieurs formes : Il peut s'agir d'une personne qui aime porter des couches et être traitée comme un enfant par son ou sa partenaire lors de sessions dédiées, ou encore un couple dont les deux membres portent des couches régulièrement, même lors de leurs sorties à l'extérieur. L'aspect sexuel peut être présent, mais pas forcément.
Décidément, le fétichisme ne cessait de me surprendre par sa diversité, par sa singularité. Et ce qui m'étonnait encore plus : Beaucoup de gens dans mon entourage proche ou éloigné avaient des fétichismes. Je me rappelle encore de cette rencontre lors d'une grosse fête de fin d'année, où un homme complètement éméché a voulu me lécher l'aisselle, et caresser les cheveux d'une amie.
Désinhibé par l'alcool ? Sans doute.
Fétichiste ? Ca oui !
Le fétichisme, une pratique comme une autre ?
Toutes ces rencontres fortuites, ces lectures, ces découvertes, m'ont fait prendre conscience d'une chose : Nous sommes toutes et tous victimes de conditionnements, qui laissent derrière eux moult préjugés, intolérances et discriminations.
Ce qui me paraissait anomal, bizarre, n'était que le reflet de mon ignorance et de mon incompréhension.
Il existe un vaste panel de fétichismes, variés, singuliers, mais également communs à beaucoup de personnes qui, pour la plupart, n'en parlent pas par peur d'être moquées ou incomprises. Il en va de même avec de nombreuses autres pratiques sexuelles.
Je pense qu'il est important de rappeler qu'il n'y a pas de règles en matière de sexualité. Nous avons tous et toutes des désirs différents, qui s'expriment également de différentes façons.
Tant que votre partenaire et vous-même êtes en accord avec vos désirs, dans le respect mutuel et le consentement, le reste n'a pas d'importance, et c'est ce que nous prônons comme valeur chez JOYclub : Donnez vie à vos désirs, sans tabou, sans jugement et avec bienveillance !
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