À propos de la consommation féminine de services sexuels
Bonjour, J’écris ce message avec l’espoir qu’il sera reçu par quelqu’un d’intéressé. Par avance, je vous remercie donc pour sa lecture
Lorsque l’on s’intéresse à la sexualité, on remarque aussitôt la profonde dissymétrie qui existe entre les femmes et les hommes quant à leur facilité à évoquer leurs désirs et pratiques sexuelles. Bien que les normes de genre aient connu de réelles transformations au fil des 50 dernières années, les femmes demeurent encore discrètes au sujet de leur sexualité. Et lorsqu’il s’agit, de surcroît, de pratiques sexuelles sortant quelque peu des sentiers battus, de pratiques plus « transgressives », la parole de ces dernières est presque… inexistante.
Bien sûr, ce souhait de garder le silence sur sa sexualité s’explique de nombreuses façons, et notamment par le fait que la crainte du « stigmate de la putain » pèse toujours sur les épaules de celles qui adoptent un comportement sexuel contraire à la norme. Cependant, le silence des femmes au sujet de leur sexualité, s’il a pour objectif de les protéger, a aussi pour effet d’alimenter le mystère – et donc les idées reçues – autour de certaines pratiques sexuelles expérimentées par celles-ci ; il contribue, ainsi, à pérenniser les normes sociales qui contraignent le désir féminin.
C’est ainsi, dans le cadre d’une recherche en anthropologie, que je mène une étude autour de la question du désir sexuel féminin, cela dans le but de tenter d’ouvrir la parole sur ces questions. Plus précisément, je m’intéresse aux femmes se livrant à un type d’activité bien spécifique et socialement perçu comme transgressif : la consommation de services sexuels. C’est alors à l’occasion d’interviews (des entretiens, dans le jargon anthropologique), que j’échange avec des femmes qui ont fait l’expérience de faire appel aux services d’un travailleur – ou d’une travailleuse – du sexe (escort, masseur/euse érotique, stripper, travailleur/euse du sexe de rue), une ou plusieurs fois. La recherche française est, pour l’heure, très mal documentée sur le sujet qui constitue pourtant une réalité sociale. Alors, en partageant leur histoire, ces personnes démystifient le tabou autour de ces pratiques méconnues et promeuvent une compréhension plus profonde de la diversité des expériences sexuelles des femmes. Plus largement, elles sont la clé de la connaissance d’interactions sociales centrales, mais peu étudiées, de l’industrie du sexe.
Je jette ainsi une bouteille à la mer, en espérant qu’elle arrivera à bon port. Si vous-mêmes avez déjà eu recours aux services d’un travailleur ou d’une travailleuse du sexe et que souhaitez contribuer à cette discussion cruciale, vous êtes invitée à participer à cette recherche anthropologique. Vous pouvez m’écrire sur ma messagerie (je ne suis pas autorisée à diffuser mon adresse mail ici). Votre témoignage restera strictement confidentiel et anonyme. Votre participation est volontaire et vous aurez le contrôle total sur ce que vous choisissez de partager. Je reste à votre pleine disposition si vous souhaitez en apprendre davantage sur les modalités de l’enquête, ou encore, sur la gestion des données recueillies.
Votre prise de parole est précieuse et essentielle pour faire évoluer les normes et les perceptions de la sexualité féminine.
Je vous souhaite une belle journée,
Bien cordialement,
Lola