Oh le sujet de l'hypersensibilité, le fameux ahah
C'est un sujet qui demande énormément de pincettes et d'érudition, car en effet, le terme hypersensible est tombé dans l'effet de mode dans lequel se sont retrouvés les termes haut potentiel, zèbres, surdoué... L'intelligence émotionnelle, bien que sa conception réelle ai été pulvérisée par une surutilisation médiatiquo-américano-mes-couillesque, est un vrai domaine de recherche !
Le terme hypersensible a été introduit par E. Aron dans une théorie un peu vaseuse et mal renseignée, et il est difficile de s'approprier celui-ci dans une généralité, car on peut être hypersensible à la lumière, aux sons, à un concept, à un objet, à une sensation, mais on peut difficilement se dire hypersensible dans notre ensemble. Et même au delà de la sensibilité, il reste le traitement et la réaction de ce que l'on sent ;
on peut très bien être moins sensible que la moyenne et pourtant être particulièrement chargé et submergé par nos émotions et avoir du mal à les traiter, tout comme on peut être hypersensible et avoir une emprise ferme sur ses émotions.
C'est pour cela qu'on rapproche plutôt le concept d'hypersensible à la partie Ouverture du big five (OCEAN) avec le besoin de variété, la recherche intellectuelle, la capacité à sentir ses émotions, l'ouverture à l'expérience... Bref c'est un concept qui concerne un très grand ensemble d'élément et non un fonctionnement global. Et d'ailleurs ça se traduit bien dans ce que tu dis
@*****ond, avec le besoin de connaitre la personne, de discuter et d'approfondir, de prendre en compte chaque élément... ^^ Et tu le dis très justement, "On peut être très émotif, mais pas hypersensible...". Et merci pour ton post qui montre que l'empathie et la sensibilité à ses propres ressentis et à ceux des autres peut en effet devenir une source de maux envahissants ; force à toi !
Il est dommage que la citation de Flaubert, tirée de ses correspondances avec George Sand, ne soit pas élargie, car la phrase qui arrive juste derrière mérite le détour :
"Que ne suis-je organisé pour la jouissance comme je le suis pour la douleur !"
Ca résume bien le schmilblick : notre capacité à concevoir, à traiter, à sentir, toutes nos capacités nous permettent une vue précise autant dans ce qui nous est bon que ce qui nous est mauvais. Certains et certaines ont une perception ou une gestion plus fine que les autres, ce qui rend plus sensible au négatif ! Il y a par conséquent cette idée tenace qu'une sensibilité acerbe à ses ressentis est un don maudit ; tout comme on pense que le/la surdoué(e) est condamné(e) à être malheureux/se ahah. C'est pourtant une idée très très biaisée et loin d'être tout à fait vrai !
Ce serait compliqué de tout traiter, alors au lieu de continuer dans l'explicatif chiant à crever je vais finir par répondre au sujet ! Avec ma propre vision de "l'hypersensibilité" ahah ^^ ! ça prendrait des jours de tout exposer mais je vais faire une synthèse très vulgarisée :
J'aime à traiter le sex avec une certaine distance, dans son aspect pratique, social, culturel, sociologique, neurologique, plaisant, philosophique... En le détachant de l'émotionnel et du sentiment. Pourtant, est-ce vraiment possible ? Car on ne peut plus se permettre aujourd'hui de concevoir l'intelligence en la détachant de l'émotion.
Je ne me considère pas hypersensible dans l'ensemble, pour les raisons évoquées plus haut. Et je pense être assez "pauvre" pour ce qui est de l'émotionnel. J'ai du moins l'impression d'avoir une emprise très consciencieuse, presque tyrannique sur mes sentiments et émotions.
Dans le cadre du libertinage, cela m'a toujours permis de faire la part des choses, d'accueillir la complexité des affects et des attirances avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. La compréhension et le traitement des émotions de l'autre est une nécessité quand on multiplie les relations ; car on ne peut, d'après moi, et si on a le soucis de bien faire les choses, se contenter d'exposer ses ressentis et envies sans prendre et comprendre le ressentit de l'autre.
Sentir participe à comprendre, et inversement. On connaît bien ça au théâtre ! Alors pour le sex, j'ai toujours soin de faire ce double travail, sans me laisser submerger. Je fais notamment bien la part entre l'attachement dû au sex seul (comme on s'attache naturellement à ce qui nous apporte du bien) et l'attachement, on va dire, plus passionnel ou personnel.
Je ne dirais pas que l'hypersensibilité me sert dans le libertinage du coup, étant donné que c'est un concept très flou et que chacun semble en avoir sa définition. En revanche, je pense que l'intelligence émotionnelle est très favorable à l'entretien des relations libertines, afin de comprendre son propre ressenti, de le raisonner, et de comprendre. Je trouve que c'est très proche de ce qu'on appelle tout simplement l'ouverture d'esprit !